En 1922, la première exposition d’arts appliqués organisée à Genève gomme la césure faite auparavant entre beaux arts et arts appliqués, admis à figurer de façon marginale dans les expositions des premiers. Elle démontre le nécessaire rétablissement de la collaboration entre l’art et la technique et illustre la capacité d’invention des artisans d’art.Né aux alentours de 1860, le concept d’arts décoratifs désigne des objets d’usage courant qui répondent à certaines contraintes de forme, de volume, d’exécution et d’ornementation, tout en satisfaisant aux lois de leur fonction. La création d’un bel objet, parfois unique, devient l’expression de la réaction de l’artisanat d’art face à la culture industrielle du XIXe siècle, façonnée par de nouveaux paradigmes commerciaux. Les musées des arts décoratifs, créés en lien avec les écoles d’art, exposent les fruits de la créativité passée à des fins didactiques. À Genève, sont exposés des émaux signés par des artistes de la classe d’émaillerie fondée en 1892 à l’École des Arts industriels. Cette école se renouvelle, invitée à « sortir de la tradition du décor des petits objets pour explorer un genre de pièces plus spectaculaires, à proximité des recherches de la verrerie et de la céramique, destinées à faire partie du décor de la maison plutôt que de celui du corps » (Georges Hantz, Émaux de Genève, Genève, 1913).