Le diplomate Jean Pozzi (1884- 1967) découvre lors de ses balades au Bazar de ravissants objets de curiosité. Il aime l’ambiance de cet antique décor, dont il estime qu’il est le « plus émouvant de tous les marchés de l’Orient ». Son œil repère des tabatières chatoyantes, œuvres fabriquées dans le premier quart du 19e siècle à Genève pour le marché du Moyen Orient. Leurs décors associent nature morte européenne et paysage orientalisant : la silhouette d’un minaret suffit à donner cette teinte à une miniature composée en émail peint, d'autant que les prescriptions du Coran, qui ne favorisent pas la représentation de la figure humaine, invitent les établisseurs à proposer des pièces abondamment ornées de fleurs, de fruits et de paysages. Jean Pozzi (1884-1967), né à Paris, élève du Lycée Condorcet puis de la Sorbonne et de l'Ecole des Sciences politiques, commença sa carrière diplomatique, de 1908 à 1914, dans le secrétariat des ministres Poincaré, Pichon et Painlevé. De 1922 à 1925, il fut secrétaire d'ambassade à Constantinople et à Prague, puis chargé d'affaires à Münich. Délégué à la Commission des détroits à Istanbul de 1926 à 1934, il représenta la France en qualité de ministre plénipotentiaire en Perse (1934) et en Egypte (1939). Président de la Chambre de commerce franco-iranienne et de la Société française de reproduction de manuscrits, il fut aussi l'un des premiers membres de la Société Chateaubriand.Egalement directeur des Archives de France, Jean Pozzi est un amateur éclairé et discret; il décède à Paris le 2 octobre 1967 après avoir testé en faveur de la République de Genève : "en souvenir des origines helvétiques des Pozzi et de mes longs séjours au bord du lac dans les conférences internationales". Outre des tableaux, gravures, pastels et dessins, accompagnés par une collection de miniatures persanes, indo-persanes et turco-persanes, le musée hérite de pièces précieuses qui complètent ses collections d’horlogerie et d’émaillerie: ce sont des boîtes, étuis, montres et émaux, de facture genevoise. Au terme de 5 années de procédures, les œuvres arrivent à Genève en 1971.