Un long sautoir ouvert conçu pour une porteuse de sexe féminin, terminé en ses extrémités par deux volumes oblongs et mouvants qui doivent tomber au niveau de l'entrejambe. Une véritable prouesse technique accompagne l'idée, au titre évocateur de "Bijoux de famille" : l'objet est constitué de deux cent trente-huit capsules de bouteille dégressivement réduites, puis brasées une à une à l'argent. La réflexion de Sophie Hanagarth sur les parties du corps est au centre de son travail artistique et contient une dimension ironique qui questionne sur le masculin, le féminin et leurs attributs respectifs. Le Musée d'art et d'histoire conserve, outre cette longue chaîne revisitée, une broche "3e sein" (inv. H 98-23). Le bijou contemporain, né dans les années 1960, se singularise par son originalité et son indépendance. Loin du bijou classique (répétition), il en détourne les conventions en créant par exemple des pièces aux dimensions hors norme , en utilisant des matériaux dits pauvres, en questionnant les lieux du corps par le biais de l’entrave, de la prothèse et de la contrainte. La Suissesse Sophie Hanagarth est considérée comme une référence dans le bijou d’avant-garde. Elle est connue pour allier un travail très spécifique du métal avec sa réflexion sur la relation au corps, la sensualité et la sexualité; elle cultive des leitmotivs comme l’humour, le désir, le surréalisme. L’un de ses bijoux emblématiques, le collier « Bijoux de famille », est flexible, il épouse le corps et tombe à la hauteur de l’aine soulignant les parties invisibles que l’on cache : deux testicules réalisés en capsules de bouteilles de bière. Sophie Hanagarth a suivi l’enseignement d’Esther Brinkmann, qui créa à Genève, en 1987, une section de création d’objet et de bijou à l’ESAA (actuelle HEAD) : l’école genevoise du bijou contemporain était née. La créatrice enseigne aujourd’hui à Strasbourg.