Paysage de montagne

N’occupant qu’un rôle secondaire dans les scènes d’histoires religieuses ou mythologiques, le paysage devient progressivement un thème à part entière au cours des XVe et XVIe siècles. Vers 1550, Pieter Brueghel met la forêt à l’honneur et, dès 1600, grâce à des peintres tels que Gillis III van Coninxloo, les espaces boisés finissent parfois par occuper la totalité de l’œuvre, comme c’est le cas dans ce tableau signé et daté par Roelant Savery. Réalisé pendant son séjour à la cour du grand amateur de sciences occultes, Rodolphe II, peut-être contient-il l’une ou l’autre énigme à déchiffrer ? Quoi qu’il en soit, pour cette forêt d’altitude, Savery a choisi une vue plongeante qui augmente la sensation de surplomb au-dessus de la vallée. D’une certaine manière, c’est le point de vue de l’oiseau : c’est ici qu’il vit, au milieu des arbres de toutes sortes, des renards et des vaches. Véritables protagonistes, faune et flore relèguent ainsi les deux paysans, qui viennent sans doute de se saluer, ainsi que la maisonnette à l’arrière-plan à de simples éléments du décor. Ils s’y intègrent sans pour autant s’en distinguer : ils forment partie d’un tout où tons chauds et froids produisent à la fois une sensation d’enfermement et d’ouverture.