Evoquant la magie des métiers liés à la Fabrique genevoise, cette montre émaillée et sa châtelaine, ornée d’une scène galante inspirée de l’oeuvre de la peintre suisse Angelika Kauffmann (1741-1807) illustre la diversité et la connexion des savoir-faire : sa boîte façonnée en or, gravée, émaillée, sertie de roses de diamants ; sa châtelaine ornée de demi perles, d’émaux champlevés et flinqués, de miniatures peintes sur émail ; son cadran d’émail blanc ; ses aiguilles d’or endiamantées ; son mouvement en laiton doré ; ses organes soignés… Tout a été confié aux mains expertes des artisans travaillant pour l’établissage des frères Veigneur, dans le dernier quart du XVIIIe siècle.Jusqu’en 1828, les châtelaines sont connues sous le nom d’équipages. Au XVIe siècle, on s’en sert pour accrocher des clefs, des couteaux, des bourses, des chapelets, des diffuseurs de parfum, de petits livres d’Heures ou des miroirs. La montre est portée à part, accrochée à une chaîne autour du cou. Au XVIIe siècle, les dames portent leurs montres à la taille, suspendues à une chaîne passée autour de la ceinture. L’éventail, la tabatière et l’équipage forment d’élégants bibelots exhibés par la bonne société. Si les femmes affectionnent les montres à châtelaines, les hommes préfèrent les montres à breloques, qu’ils cachent dans leur gousset, seules la chaîne et les breloques restant apparentes. Devenues bijoux de prédilection, les châtelaines sont serties de pierres précieuses et stimulent les talents des ciseleurs, graveurs, émailleurs et orfèvres. La fabrication de la châtelaine typique, comportant plaques et agrafe, persiste jusqu’au début du XIXe siècle. Entre 1820 et 1835 apparaît une variante plus petite, comportant une petite agrafe au niveau de la taille, munie d’une plaque en forme de main, à laquelle est suspendue la montre. Dès les années 1830, la montre est réunie à la plaque décorative par une chaîne plus courte et plus épaisse. A partir de 1850, les progrès techniques qui engendrent la montre à remontoir rendent l’utilisation de la clef obsolète : la montre seule est alors suspendue à la plaque. Dès 1880, les montres se portent au poignet, dans une poche, attachées par un ruban, ou en broche agrafée au corsage : la châtelaine redevenue simple montre est suspendue à un court ruban ou agrafée au revers de veston; son cadran est posé de manière à permettre à la personne qui la porte de lire l’heure en inclinant la montre vers le haut.