Lame à deux tranchants, large au talon, où elle présente une échancrure sans fil pour placer l'index; marques d'armurier incrustées au cuivre, aujourd’hui estompées à la suite des nombreux nettoyages subis au cours du temps. Monture en acier argenté, ciselée de rinceaux et de mascarons feuillus ressortant sur un fond greneté. Garde à l'allemande comportant, outre les quillons infléchis l’un vers le pommeau, l’autre vers la lame, un arc de jointure, un anneau de garde, un pas-d’âne se relevant pour former contre-garde et rejoignant le quillon de parade, et, enfin, un anneau de pouce reliant l’écusson à la contre-garde. La technique de combat privilégiant de plus en plus les coups d'estoc, la garde de cette épée a subi, vraisemblablement à la fin du 16e siècle, une petite modification destinée à renforcer la protection de la main. À cette fin, la face interne de l'anneau de garde a été pourvue d'une rainure - visible sur l'écusson et masquée ailleurs par une soudure au cuivre - destinée à recevoir une plaquette ou coquille qui n'existe plus. Cette plaquette était souvent perforée de petits trous de formes diverses, où la pointe de l'épée de l'adversaire venait s'engager et se briser. L'adjonction de cette plaquette a modifié la prise de l'arme en empêchant le passage de l'index vers la lame par-dessus le quillon. L'espace exagéré entre la lame et l'écusson de la garde tend également à faire de cette arme une pièce composite. Cette épée, considérée comme typique de l'époque de l'Escalade (tentative de prise de Genève par les troupes de Charles-Emmanuel Ier, duc de Savoie, dans la nuit du 11 au 12 décembre 1602, selon le calendrier julien encore en vigueur à Genève à l'époque), était l'une des plus belles pièces de la collection d'armes de l'ancien Arsenal. C'est sans doute la raison pour laquelle elle a été rattachée au cours du derniers tiers du 19e siècle au personnage de François de Brunaulieu, gouverneur de Bonne en Faucigny et capitaine des troupes ducales lors de l'attaque de 1602. En effet, ignorée dans les inventaires de l'Arsenal de 1683, 1798, 1814, 1816 et 1831, elle apparaît pour la première fois désignée comme "Epée de Brunaulieu 1602" dans l'inventaire de la Salle des Armures de 1867, rédigé par son directeur, Hippolyte-Jean Gosse. Deux ans plus tard, en 1869, elle fut publiée et reproduite, accompagnée de cette attribution, par Auguste Demmin (1869, p. 409, fig. 73).