Denier

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CETTE ŒUVRE EST EXPOSÉE AU Musée d'art et d'histoire

Description

Denier

Auteur(s)
Datation
-58
Lieu de création
Rome
Dimensions
diam.: 17.48 mm min.
diam.: 18.41 mm max.
poids: 3.938 g
axe: 45 °
Matériaux
Argent
Mention obligatoire
MAH Musée d'art et d'histoire, Ville de Genève. Don de Carlo-Maria Fallani, 2001
Numéro d'inventaire
CdN 2001-1592

Description
Avers: [M. S]CAR. AED. CVR. "Marcus Scaurus, aedilis curulis"; dans le champ, EX. S. C. "ex senatus consulto"; à l'exergue, REX ARETAS. Chameau à droite; devant, figure à genoux, dans une attitude suppliante, tenant à la main une branche d'olivier et les rênes. Revers: P. HVPSAE. AED. CUR. "Publius Hypsaeus, aedilis curulis"; à l'exergue, C. HVPSAE. COS. PREIVE; dans le champ, CAPTV. "Caius Hypsaeus, consul, Preivernum captum". Jupiter dans un quadrige au pas à gauche, lançant la foudre; sous les pieds des chevaux, un scorpion.Cette monnaie fait partie d'un groupe d'une dizaine de deniers qui concernent la campagne victorieuse de Pompée en Orient, au moment où César cherchait en Gaule la gloire et le butin dont il avait besoin pour poursuivre son vaste dessein. Scaurus vint en Syrie comme légat de Pompée, mais il sut profiter de son poste pour s'enrichir, comme le prouvèrent bien les jeux somptueux qu'il organisa à Rome pour son accession à la charge d'édile curule, des jeux qui obscurcirent le souvenir de tout ce qui avait précédé et demeurèrent longtemps dans toutes les mémoires. Il devait appartenir à ce personnage ambitieux et dénué de scrupules de présider à la frappe et de signer la première monnaie de Rome dont le type se rapporte explicitement à un épisode de la propre vie du magistrat monétaire. Cela suffirait à attirer l'attention sur ce denier. Or, cette monnaie est d'autant plus remarquable parce qu'avec elle l'Arabie entre d'un coup dans l'horizon de l'homme romain. Par un coup de génie iconographique, une image qui tient sur 20,5 mm (!) résume ce message fort : le chameau, cet animal d'une proverbiale sobriété et endurance, le bateau du désert, en est le symbole et comme la réalité vivante. Si les bosses se devinent à peine sous la selle placée entre elles, les jambes, et surtout le cou et la tête sont rendus avec un naturalisme simple et efficace. Le chameau est là, droit et immobile, témoin d'une réalité entière et intacte. Mais l'homme qui tient sa bride, son maître donc, plie le genou devant l'envoyé de Rome, dans une attitude de soumission qui montre que cette partie du monde n'est pas plutôt entrée dans la sphère connue du monde romain qu'elle lui prête serment d'allégeance. L'épisode nous est connu par les Antiquités juives de Joseph Flavius. C'est Arétas III, roi des Nabatéens, qui, devant sa capitale Pétra, accepte de payer à Scaurus un lourd tribut, afin d'écarter de lui un siège qui s'annonçait redoutable. Avant de voir de plus près qui sont ces Nabatéens, ajoutons que le revers du denier de Scaurus dut avoir un tel succès (l'abondance de ce monnayage garantissant sa large diffusion), que l'iconographie fut reprise telle quelle par un autre lieutenant de Pompée, A. Plautius, quelques années plus tard. Les Romains, à la suite des Grecs qui avaient participé à l'expédition d'Alexandre le Grand en Orient, avaient entendu parlé de l'Arabia felix, l'Arabie heureuse, ce pays fabuleux, ce paradis terrestre, « ces contrées des Arabes qui ne sont seconde à personne », comme le dit Pline dans son Histoire naturelle, où poussaient les dattes et d'autres fruits merveilleux, d'où venaient les parfums les plus précieux comme l'encens et la myrrhe. Mais une barrière infranchissable au commun des mortels en séparait le monde méditerranéen. C'est l'Arabie du désert, sillonnée par les caravanes des Arabes Nabatéens, redoutables prédateurs aux points d'eau dissimulés dans le désert. Gare à qui essayait de les suivre dans le désert, vite le manque d'eau et de repère le menaient à sa perte, comme l'écrit Diodore de Sicile, qui devait commencer alors sa carrière d'historien. C'est du reste ce qui avait failli d'arriver à Scaurus et à ses Romains, au moment où Pétra paraissait à sa portée' Le tribut payé par Arétas III valut encore plus d'un siècle et demi de liberté à son peuple, ce bien auquel les Arabes, selon les historiens grecs et romains, sont aussi attachés que l'air qu'ils respirent leur est nécessaire. Les Nabatéens continuèrent à contrôler un vaste territoire : saint Paul raconte dans sa seconde épître aux Corinthiens qu'il eut à se garder du gouverneur de Damas, qui était l'homme d'Arétas IV. C'est seulement Trajan, l'empereur conquérant entre tous, qui les soumit temporairement. (mc)

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Collection(s)
Numismatique
Date d'émission
-58

Bibliographie

Bibliographie

Matteo Campagnolo, Carlo-Maria Fallani, De l'aigle à la louve. Monnaies et gemmes antiques entre art, propagande et affirmation de soi, Genève, Milan, Musées d'art et d'histoire, 5 Continents Editions, 2018, p. 148-151, ill. p. 148 et 149, p. 370, n° IX.2i.1

Campagnolo, Matteo, Sylvie Guerreiro. Passeport pour la merveilleuse Arabie (Objet du mois). Tribune de Genève/Tribune des Arts (n° 309), mars 2003,, p. 8

Crawford, Michael H.. Roman Republican Coinage I. Cambridge University Press, 1974., n° 422/1B

Sydenham, Edward. The coinage of the Roman Republic. London, 1952., n° 913

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