Fidèle à ses idées premières, Appia reprit textuellement ce projet de 1896 pour la mise en scène de l'opéra à la Scala de Milan en 1923 (cf. inv. 1993-0067). Le tourment des amants était essentiellement suggéré par des effets symboliques de lumière: au lever de rideau du deuxième acte, la scène ne devait être éclairée que par un seul flambeau, le décor surgissant d¿un clair-obscur, avant d'être plongé dans la pénombre évocatrice du motif de la Nuit protectrice. La troisième scène qui clôt le troisième acte réunit les amants perdus dans leur extase mais pris en flagrant délit par le Roi Marke et son courtisan Mélot qui blesse mortellement Tristan. Les critiques soulignèrent l'utilisation subtile et poétique de la lumière mais reprochèrent aussi aux décors d'Appia leur manque de réalisme et leur simplicité «cubiste»: encadrée de rideaux suggérant la silhouette imposante de grands arbres, la muraille percée d'une porte, sur une terrasse précédée d'escaliers, était comparée à une «arrière-boutique campagnarde de commerce de vin».