Ces deux pièces ne forment pas un ensemble d’origine. Réunie au fourreau au début du 20e siècle, la dague présente la caractéristique monture en bois terminée par deux élargissements en demi-lune enchâssés dans une traverse en métal. Le fourreau, en laiton doré sur une âme en bois recouverte de cuir, est revêtu d’une plaque décorative ajourée, coulée puis ciselée. L’arme se portant généralement du côté droit ou dans le dos, mais toujours en position horizontale, les scènes représentées sur la face avant du fourreau se lisent généralement de gauche à droite. Parmi les thèmes favoris figurent la danse des morts et l’histoire légendaire de Guillaume Tell, mais aussi des sujets tirés de la Bible, de l’histoire antique ou, comme ici, de la mythologie, avec le Jugement de Pâris, chargé par Zeus d’offrir une pomme d’or à la plus belle déesse de l’Olympe. Les principaux protagonistes de l’épisode se succèdent à partir de la pointe du fourreau: un guerrier allongé (vraisemblablement Hermès), Athéna tenant un bouclier et une épée, Héra, puis Aphrodite accompagnée d’Éros, qui reçoit la récompense des mains de Pâris, représenté en général romain couronné de laurier. En usage à la guerre dès le 14e siècle, la dague suisse trouve sa forme classique dans la seconde moitié du siècle suivant. À partir des années 1520, elle évolue de plus en plus vers une arme d’apparat pour devenir, dans la seconde moitié du 16e siècle, un véritable signe extérieur de richesse que l’on porte également avec le costume civil pour marquer son appartenance à l’élite sociale et politique. Exclusivement fabriquée dans la Confédération, cette arme luxueuse y est si répandue que les contemporains la désignent déjà sous le terme de "dague suisse".