Comme René Lalique que A.-C. Lambert découvre au hasard d'une restauration, il n'a de cesse de transformer des matériaux dits «pauvres» pour qu'il s'en dégage avec une force puissante et originale quelque chose de l'ordre de la magie, cette zone fascinante de secret et de beauté étrange que la nature, effectivement, prodigue. D'autres à Genève, avant lui ou en même temps, se sont investis dans un semblable voyage (Pochelon, Preysler). Tous sont nourris et poussés par le souffle de l'Art Nouveau, tous veulent échapper au conformisme passé, jusqu'à ce que la nouveauté à son tour devienne conformisme. En choisissant la responsabilité d'un atelier chez Gallopin de 1919 à 1943, puis dans la classe de bijouterie à l'Ecole des arts décoratifs, Lambert se voue à la mission de former plusieurs générations de bijoutiers jusqu'en 1957, au détriment d'une carrière personnelle de créateur.