Ce bijou signé par Elizabeth Bonté, bijoutière à Paris, complète un lot de bijoux similaires et met en évidence l’intérêt d’une « signature », car cette créatrice est réputée pour ses bijoux en corne sculptée. La corne gravée est soit imbibée de peroxyde d'hydrogène pour ajouter de la brillance au matériau translucide, soit peinte d'une fine couche d'émail nacré pour donner l'effet de véritables ailes d'insecte. Les perles en pâte imitent des turquoises ou d’autres pierres dures et des ambres. Son contemporain George Pierre a créé des bijoux similaires en corne et a ensuite noué un partenariat avec elle dans le Jura français jusqu'en 1936. Le courant « Art nouveau » transforme les codes de la joaillerie : avec lui, la création elle-même a plus de valeur que les pierres qui la compose. Ce courant ouvre la voie à des bijoutiers, nés avant le siècle et jusque dans les années 1930, qui osent la combinaison de matériaux nobles et non précieux. Les bijoux sont façonnés en silhouettes féminines, en formes végétales ou en insectes légers, les créateurs puisent leur inspiration dans la Nature. La collection du Musée d’art et d’histoire illustre cet essor de la production locale et internationale, sous l’influence du courant artistique mis en évidence par l’Exposition universelle de Paris en 1900 : le catalogue des créateurs représentés est presque exhaustif. Cette collection se développe dès 1885 au sein du Musée des arts décoratifs, selon une politique d’acquisition organisée pour deux collections d’objets, l’une rétrospective et l’autre contemporaine, réunissant des œuvres fabriquées à Genève ou en Europe. Outre des acquisitions et des dons, le processus d’enrichissement comprend des commandes passées directement à des artistes.