Les tessères de charité

Dans le monde byzantin, régi par un souverain chrétien, la philanthropie est une institution. Selon les Écritures, venir en aide aux pauvres, en leur offrant à manger par exemple, permettrait de se rapprocher de Dieu et d’assurer le salut de son âme. Tandis que le clergé organise la bénédiction et la redistribution des denrées offertes par les fidèles, des institutions laïques prennent elles aussi soin des plus démunis.
Cette attention donnée aux nécessiteux permet de mieux répartir les biens dans la société et d’atténuer l’injustice sociale. Pour les fidèles aisés, ce devoir de charité est d’autant plus crucial que leur richesse est loin de faciliter leur accès au Ciel. Aussi exercent-ils la charité directement et à titre personnel, devant les églises ou leurs propres maisons.
L’utilisation des tessères de charité remonte au 6e siècle : ces jetons en laiton ou en bronze s’échangent contre de la nourriture, une pièce de monnaie ou une entrée aux bains. Si les plus anciennes sont frappées au nom des empereurs, la pratique se répand au 10e siècle et l’on voit ensuite apparaître des tessères gravées du nom des bienfaiteurs issus de l’aristocratie byzantine, voire de la famille impériale.
Grâce à la prestigieuse donation Janet Zakos, le MAH possède onze tessères de charité d’une importance exceptionnelle regroupées dans la présente galerie. L’on y retrouve notamment un spécimen ayant appartenu à l’impératrice Eudocie (1059-1071), celui de Maria Sklèraina, la maîtresse de Constantin IX Monomaque (1042-1055), mais aussi une tessère d’exécution et de conservation remarquables, seul document historique direct attestant de l’existence de Sophie, arrière-petite-fille de l’empereur Romain Ier Lécapène (920-944) et fille de Michel le magistre, la plus haute fonction sénatoriale de l’époque.
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Devoir religieux et affirmation sociale à Byzance
