Si le XIXe et le début du XXe siècles, empreints de naturalisme et de positivisme, marquent l'âge d'or de la sculpture animalière, cette thématique se voit reléguer à un rôle mineur durant le XXe siècle avec la diversité des courants et mouvements artistiques - implicitement, avec l'innovation et l'hétérogénéité des perceptions et des problématiques qu'ils suscitent -, l'animal ne devenant que support d'une cause purement artistique, qu'elle soit formelle ou théorique. Certains artistes ont toutefois fait du monde animalier leur thème de prédilection, comme en témoignent, à Genève notamment, les nombreuses sculptures visibles dans l'espace public, signées Robert Hainard, Paul Bianchi, Rémy Buhler, Yvan Louis Larsen ou Willy Vuilleumier.
De ce dernier, Roger d'Ivernois rapporte qu'"il s'armait d'un crayon, d'un bout de papier et allait croquer les animaux sur le vif... Il faut dire que l'homme aime la sobriété en tout. Il parle peu. On pouvait donc s'attendre à ce qu'il ne fit pas de fioritures dans la pierre puisque n'en usant pas dans le langage. D'où le style épuré presque stylisé ne gardant que l'essentiel de sa vision des bêtes et des hommes."
Après des études à l'Ecole des arts industriels de Genève où il apprend la gravure, la ciselure et la sculpture, Vuilleumier part à Paris entre 1923 et 1939. Son attirance pour l'œuvre de Maillol et de Rodin lui fait abandonner sa pratique toute ancrée dans l'académisme pour se tourner vers une stylisation formelle qu'il ne cessera de purifier au long de sa carrière. Ainsi ces deux cygnes, où l'artiste, détaché de toute volonté de réalisme, transpose les courbes harmonieuses et douces de leur silhouette dans une formalisation fortement architecturée, faite d'arêtes vives.
Stéphane Cecconi