Alexander Calder renouvelle la manière d'aborder et de pratiquer la sculpture au XXème siècle. Il utilise le mouvement, qu'il soit suggéré ou réalisé, par des structures aux multiples articulations, jeux d'équilibre et contrebalancements, ayant recourt à des matériaux bruts repris du domaine de l'industrie, et des formes dont la simplicité côtoie l'abstraction. L'artiste a toujours revendiqué la dimension artisanale de son métier : le métal découpé est laissé brut à l'exception d'une couche de peinture et les rivets sont toujours laissés apparents. Le paysage est ici uniquement évoqué par des courbes et contrecourbes noires, à l'image d'un dessin dans l'espace. A l'économie des moyens répondent la poésie et l'impact visuel direct de ses compositions, faites de grandes formes géométriques simples, renforcées par la monochromie, souvent en rouge ou noir, conférant une dimension abstraite qui n'est pas sans rappeler le langage de J. Miró ou P. Mondrian, artistes qu'il a côtoyés à Paris.
L'épure et la simplicité de son langage sont au service de son imagination débordante, aussi fertile que celle d'un enfant. Il a conservé tout au long de sa carrière une fascination pour le monde du cirque, en témoigne sa fameuse version miniature tout en fil de fer articulé (1926-1931), le jeu et les animaux. Sa production, une des plus populaires pour un artiste sculpteur, est devenue inséparables de ses fameux mobiles, des structures suspendues au plafond, maintes fois imitées, qui allient élégance de la ligne et dynamique, comme un dessin vibrant en trois dimensions.
Parallèlement, ces « stabiles », dont la sculpture « Soleil sur la montagne » fait partie, peuvent adopter des proportions monumentales et requièrent alors des moyens considérables pour leur installation. Pourtant jamais écrasantes, ils viennent s'intégrer avec sensibilité à l'architecture et à l'espace public alentour, en particulier à la place publique, à l'image du « Grand Stabile Rouge, ou l'Araignée » à la Défense à Paris (1976) ou « Flamingo » à Chicago (1974).
Yves Christen