Miller, John (Cleveland (OH)/Etats-Unis d'Amérique, 1954)

John Miller est un artiste et un écrivain basé à New York et à Berlin. Sous différents angles d'approche, son oeuvre décortique les possibilités de formatage de notre société et les diverses formes de contrôle social.
"Tracking" est constitué de plans continus en mouvement consécutivement montés et ponctués d'informations liées au capitalisme et au développement des moyens de captation d'images depuis les années 1970. Une suite
de « traques » principalement urbaines accompagnées d'une ambiance sonore et/ou d'une narration décalée dictée par une voix apparemment de synthèse. Ces récits sont parfois clairement identifiés comme des rêves, d'autres fois laissés à notre libre interprétation. On y apprend que depuis l'antiquité le système de réseaux aurait permis de consolider le pouvoir en contrôlant la distribution des biens et de l'information, que le film "Cabiria" serait le premier à présenter un plan en travelling au cinéma, que le premier GPS (Global Positioning System) aurait été développé par l'armée américaine et que le premier téléphone intelligent doté de cette fonction daterait de 1998… certes une aide au déplacement mais alimentant de la même manière involontairement une base de données collectant des informations sur nos déplacements et autres habitudes. Miller nous emmène progressivement, non sans ironie, à la découverte de questionnements et de failles ayant traversé l'histoire des innovations technologiques. Un arrêt sur les limites de l'intelligence artificielle (IA) illustrées par un échange d'informations entre Powerpoint alt+text (logiciel traduisant les images en mots) et Dall-e (IA permettant de visualiser un texte en image). Comme la démonstration d'une finalité possible, cet essai filmé présente la traque sous diverses formes, notamment la chasse, la surveillance et le cinéma, révélant un possible parallèle avec nos comportements sur les réseaux sociaux, les dispositifs de surveillance et de captation non consciemment consentie de données.

Sonia Chanel