Paul Hutzli dessine, peint, performe, installe et sculpte. Sans médium de prédilection, il emprunte souvent techniques et matériaux à l'artisanat. Quand il réalise des oiseaux en sucre filé, il mixe à la fois confiserie, pastillage et verre soufflé pour faire de petites sculptures animalières. Son goût pour le carnavalesque l'a conduit vers le papier mâché dont sont encore faites les grosses têtes de défilés. Cette technique, dont on fit des meubles et de somptueux décors comme celui du théâtre de Marie-Antoinette, est aujourd'hui relégué aux bricolages enfantins et aux loisirs créatifs amateurs.
En faisant des chaises en papier mâché, Paul Hutzli fait à la fois de la sculpture et de la peinture – du volume par moulage et un recouvrement illusionniste, savoir-faire de peintre, de peintre décorateur même.
Paul Hutzli travaille le faux et son usage en art. En prônant le mélange des genres, les pratiques savantes – ou pensées comme telles – et les autres, celles qui appartiendraient aux Beaux-Arts et celles qui seraient artisanales, il démonte et s'amuse de ces classements artificiels.
En prenant la chaise comme sujet, il renvoie autant à la peinture ancienne qu'à la sculpture contemporaine ou à l'installation, tant ce siège, sans même parler de design, a traversé l'art. En choisissant du mobilier scolaire comme modèle, il renvoie aussi directement à l'apprentissage. Diplômé de plusieurs écoles d'art, Paul Hutzli aborde en autodidacte des techniques qu'il met en œuvre dans ses réalisations artistiques. Facétieux, l'art de Paul Hutzli garde l'essentiel du carnaval, qui n'est autre qu'un temps de renversement des valeurs pour mieux les questionner.
Claude-Hubert Tatot