Véritable mélange d'impressions, de techniques, de projections de l'esprit et de sensations physiques, épidermiques, la série de 24 affiches de cinéma dessinées et réinterprétées par Christophe Riotton entraîne le spectateur sur un terrain aussi trouble que le film choisi en exergue : "L'Inconnu du Lac" d'Alain Guiraudie, un film sur le désir, sans triche et sans ambages. Si l'artiste considère ce dessin comme un intrus dans cet ensemble faisant référence à un cinéma d'épouvante populaire, il n'en reste pas moins que s'y cache, en sous-main, une même appétence. L'aspiration et l'attrait du trait, sans artifice, qui définit tout le travail graphique de Christophe Riotton, se retrouve ici densifié, dans une superposition de strates, tant de références iconographiques que de traitements ou de procédés (collage, gravure, encre, crayon, pastel, feutre). C'est sur des points d'accroche différents que se construisent chacun de ces dessins, une image précise extraite du film, le détail d'une scène ou d'un personnage, la police du titre, la teinte d'un souvenir, « la patine d'une époque » pour reprendre les termes de l'artiste, autant de manières d'entrer dans l'évocation de l'objet cinématographique. Il s'agit là d'un hommage tendre et sensible, d'un regard foisonnant et passionné sur le cinéma de genre, il s'agit là d'un travail, sensible et passionné, de dessin.
Stéphane Cecconi