Pauline Boudry et Renate Lorenz collaborent depuis 2007. A côté d'un travail sculptural, elles mettent en scène des performances pour les produire en vidéo, ces dernières étant elles-mêmes insérées dans des installations « inclusives ». Les artistes invitent à redéfinir l'individu selon des critères non normatifs, loin des identités binaires, intégrant la notion de « queerness », ainsi que des références cinématographiques et d'histoire de l'art. Elles tendent à reconstruire des systèmes de représentation alternatifs sur la base de collaborations. Le terme d'agentivité, qui implique un certain pouvoir d'agir en dehors d'une structure imposée, est très présent dans leurs réflexions.
Conçue pour le Pavillon suisse de la Biennale de Venise en 2019, Moving Backwards est une installation chorégraphiée qui se déploie à plusieurs niveaux en incluant le public. Les spectateurs-trices visionnent un film sur la scène-même où celui-ci a été tourné, et sont mis en condition par une scénographie évoquant l'ambiance d'une boîte de nuit avec paillettes, lumières et sons enveloppants. Le point de départ du projet est un constat ou un sentiment de « recul par rapport aux acquis », tel que l'expriment les artistes. Un communiqué à l'adresse du public est par ailleurs présent dans l'installation, suggérant, entre autres : « Let's collectively move backwards » (reculons collectivement). Les cinq performeurs-euses « dansent » de manière continue, dans une esthétique post-moderne, urbaine et Inspirées de techniques de combat. Ils-elles avancent d'avant en arrière, miment des prises de parole, ébauchent une narration.
Marie-Eve Knoerle